La loi doit-elle prendre en compte les différences ???

Publié le par Collectif des 12 South-Parkois

Catégorie : II] Pour vivre heureux, ne vivons pas cachés

                          les uns des autres !

Thème : 2) De l’affirmation des Différences au sectarisme communautaire

 

 

Fiche de visionnage n°6 : Épisode 49 (saison 4, épisode 1)
L’incroyable crime de haine de Cartman

 

 

Commentaire d’épisode : La loi doit-elle prendre en compte les différences ???

 

 

Il était une fois à South Park les enfants qui faisaient un concours de luge sur une mini colline de la cour de récré. La luge de nos quatre mousquetaires gagnait encore une fois.

 

 

Introduction :

 

 

Face à la recrudescence des actes délictueux et criminels envers des "minorités", les sociétés occidentales ont mis en place ces dernières années des dispositifs juridiques spécifiques pour tenter d’enrailler les dérives phobiques.

 

En essayant de trouver des explications à des faits graves, certains ont été amenés à caractériser des agressions au motif du rejet de la Différence de l’Autre, tant il est vrai que nos sociétés se sentent tiraillées entre une norme et ses marges. Ainsi, nous avons pu être conduit à envisager ces méfaits non comme un "banal" accrochage entre individus, mais plutôt comme des manifestations violentes de la haine des pas pareils.

 

 

Pour donner l’exemple et faire passer le message que la société est une et indivisible, les auteurs de ces faits illégaux se sont vus condamnés plus sévèrement en prenant en considération le caractère anti harmonie sociale de leurs actes. Mais le simple fait que la loi fasse un distinguo entre des actes criminels selon le type de la victime est déjà une reconnaissance des discours différentialistes !

En somme, la loi doit-elle prendre en compte les Différences ???

 

 

Un crime a toujours des circonstances, ni aggravantes ni atténuantes, juste explicatives

 

Tout délit ou crime est toujours à replacer dans un contexte et dans un historique des protagonistes (agresseur et agressé) car rares sont les faits qui surgissent du néant absolu.

Il est un peu facile de juger quelqu’un sur ses seuls actes, sans connaître l’origine du geste incriminé ! Sans forcément chercher à trouver des excuses à un crime inacceptable, la société et donc la justice se doivent au moins de tenter de comprendre le déroulement du drame. Sans cela, il ne peut y avoir d’impartialité suffisante pour un jugement éclairé prenant en compte tous les différents aspects des faits !

Tout commence en fin de compte par la jalousie de Token ! En effet, il se plaint que nos garçons gagnent à chaque fois car tout ceci n’est pas juste, Cartman ayant un si gros cul que forcément cela accélère leur luge. Cartman prévient, "sereinement" mais sévèrement, que Token ne doit pas le traiter de gros ! Plus tard, les filles voulant aussi faire de la luge (qui appartiennent d’ailleurs à l’école), se font jeter comme des malpropres. Notamment, bien évidemment, par Cartman et sa galanterie légendaire : « Allez plutôt faire la vaisselle ou vous faire foutre en cloque ! ». Piquées au vif sur leur (mé)connaissance du maniement d’une luge, les filles lancent un pari aux garçons : il y aura une course sur une vraie colline, la colline Phil Collins, samedi entre les quatre meilleurs garçons et les quatre meilleures filles ! Clyde s’empresse de dire que les filles n’ont pas réalisé à quel point Stan, Kyle et Kenny étaient forts. Et Token de rajouter qu’avec en plus le cul énorme de Cartman, les garçons sont sûrs de gagner ! Ce qui était plutôt un compliment machiste de la part de Token va se retourner contre lui car Cartman avait prévenu : il jure à Token que s’il le traite encore une fois de gros, il lui jettera un caillou dans la gueule ! Sauf que, juste pour rire, Kyle lance un pavé dans la mare en balançant sournoisement un « gros lard », interprété par Cartman comme une ultime provocation de Token qui se prend une grosse pierre en pleine face !

 

Le rejet criminel de la Différence est un crime contre
l’humanisme de la société

 

Une société, quelle qu’elle soit, a naturellement tendance à rejeter la Différence, jusqu’à ce que les mœurs qui la définissent évoluent !

Pour créer un sentiment d’appartenance à une nation au-delà de sa communauté propre, une société qui se veut stable et épanouie se doit de travailler sur elle-même afin de mettre au ban des accusés tout comportement qui nuirait aux efforts d’Égalité et de rejet de la Différence pratiqués par une société qui veut traiter d’égal à égal ses enfants, quelles que soient leurs spécificités ! Qu’un individu brise cet accord tacite de Tolérance entre Citoyens frères et sœurs et c’est toute la pyramide d’intégration qui risque d’être sapée à ses bases, ouvrant la voie à des revendications, voire à des conflits, communautaires !

Dès que Cartman est entendu pour son crime, des agents du FBI débarquent dont on ne sait où pour enquêter sur l’incident du jet de pierre ! M. Mackey a beau préciser qu’il gère l’affaire en ayant puni le jeune Éric Cartman à deux semaines d’affilées de retenue, l’un des agents a bien peur que ce soit un peu plus compliqué que cela ! En effet, étant donné que la victime est un afro-américain, il s’agit alors d’un crime de haine !!! Cartman se demande bien ce que c’est que cette connerie, mais il y a de nouvelles lois : tout crime commis en raison de la "race", de l’ethnie ou de l’orientation sexuelle de la victime est un délit fédéral ! Autant pour Cartman que pour M. Mackey cette notion de délit fédéral semble être une catastrophe. Cartman sera jugé par la cour fédérale de justice et d’ici là il doit être placé en détention provisoire, ce que sa mère juge « embêtant » ! Mais le pire est à venir, les médias se mêlant de ce procès du siècle pour crime de haine, où Tribunal TV se trouve en direct avec l’animatrice Leslie Smith. Celle-ci se demande publiquement ce qui a pu pousser ce petit gros de huit ans apparemment normal, à commettre un odieux crime de haine ! Retournons donc à la salle d’audience où le procureur procède à son interrogatoire. Lorsque celui-ci demande à Cartman qui est Token, il répond que c’est un Black qui est dans la même école que lui. Le procureur s’emporte devant le mot de Black alors que Cartman justifie que c’en est un, sans connotation spécifique (ce qui n’est bien sûr pas pareil que négro ou bamboula !). Pour le proc’, Cartman l’a agressé parce que Token est afro-américain, ce qui étonne l’accusé lui-même ! Selon l’accusation, la rage qui est montée en Cartman l’a rendu fou et il est passé à l’acte parce qu’il hait les afro-américains. Cartman rectifie : il hait les hippies, point final (moui enfin, les juifs aussi et tant d’autres pas pareils) ! Il précise qu’il les hait car ils sont toujours là à dire qu’il faut protéger la Terre, ils conduisent des bagnoles qui ne polluent pas, et ils portent des bracelets indiens de merde ! Son souhait le plus cher serait de leur latter les couilles ! Sa mère pousse alors sa complainte habituelle « Oh, mon poussin ! ». L’accusation termine par ces mots : « Mesdames, messieurs les jurés, c’est pour cela qu’il existe des lois contre les crimes de haine ! Ce monstre n’a pas commis un crime à l’encontre d’un individu, mais à l’encontre d’une race ! Protégez notre démocratie et envoyez ce petit gros agressif en prison ! ». Le proc’ cherche la bagarre, mais Cartman ne se laisse pas faire et pousse sa gueulante : ce connard ne doit pas le traiter de gros, sinon ... Le juge reconnaît Éric Cartman coupable d’avoir commis un crime de haine, et par conséquent il sera incarcéré dans la maison de correction d’Alamosa d’où il ne sortira qu’à l’âge de vingt et un ans ! En fait, le juge tient à faire un exemple avec lui afin d’envoyer aux gens du pays un message fort : si l’on veut faire du mal à un autre être humain, il conseille de vérifier qu’il soit de la même couleur que soi ! Les filles jubilent, mais pour Stan il faut absolument faire sortir Cartman de prison s’ils veulent s’entraîner avant la course de luge de samedi. Au moment même d’emmener le criminel en maison de correction, les gardes se rendent compte qu’il a disparu. Il tente en fait de rejoindre le Mexique avec la bagnole à pile que Kenny a reçu pour Noël. Les policiers se devant de respecter les distances réglementaires de sécurité, ils arrivent quasiment à la frontière. Pauvre qu’il est, Kenny n’a pas pu s’acheter de piles longues durées et l’échappée belle s’arrête nette après des heures de course-poursuite ! Parce qu’ils n’ont pas pu donner à Cartman leur gâteau avec une meli à gleon dedans pour qu’il s’évade de la prison pour mineur, Stan propose qu’il faille demander à Token de pardonner à Cartman de l’avoir criminalisé de haine. En se rendant chez lui, Kyle découvre que les élèves de "race différente" ont leur propre bus pour favoriser la diversité culturelle, sachant que Token est le seul Black de la ville avec Chef !

 

Un crime est un crime, point final

 

Tout crime mérite sanction, juste et justifiée selon des lois préétablies qui définissent de manière précise les conditions d’application de la sanction.

Devant les arsenaux juridiques mis en place ces dernières années pour lutter contre les xénophobies différentielles de toute sorte, on peut se demander si la loi ne devient pas elle aussi inégalitaire pour punir les dérives différentialistes ! En effet, à partir du moment où l’on considère qu’il est plus grave d’avoir commis un crime sur une personne en raison de sa Différence, cela revient à estimer que la victime est plus faible qu’une autre de par sa spécificité même, ce qui va à l’encontre de la notion d’Égalité promue dans la Constitution et les Droits de l’humain !

Au départ, M. Mackey veut que Cartman comprenne que son comportement est inacceptable, idem pour sa mère qui entend bien que son fils réalise qu’il aurait pu blesser gravement son camarade. À moitié convaincu, Cartman s’excuse vite fait mal fait auprès de sa mère. Mais elle ne veut pas de cela, puisque c’est à Token qu’il doit présenter ses excuses, ce qu’il fait dans la foulée. M. Mackey espère qu’il aura compris que c’est mal de jeter des pierres sur les gens ! Cartman, avec son cynisme et son désintérêt des autres habituels, bredouille qu’il regrette, qu’il se demande pourquoi diable il a fait cela, qu’il est rongé par le remord, qu’il a tellement honte d’avoir lancé cette pierre, finissant sa feinte par un « Allé, à plus ! » qui en dit long sur sa conscience du crime perpétré ! Mais pour M. Mackey c’est trop facile : il veut que Cartman apprenne à respecter ses camarades, donc il sera en retenue pendant deux semaines ! Aucune mention n’est faite ici d’une quelconque distinction en raison de la couleur de Token !!! Stan va justement le voir pour que les filles ne les battent à la course de luge à présent que Cartman est en prison. Kyle suggère alors que Token appelle la prison pour dire qu’il pardonne Cartman de l’avoir crime de hainé ! Malheureusement, le père de Token, avocat comme celui de Kyle, a peur que ce ne soit pas aussi simple que ça : la seule personne qui ait le pouvoir de faire sortir Cartman est le gouverneur ! Kyle s’emporte avec un «  Bordel, putain de merde, ça fait chier ! » qui vient du fond du cœur, et d’ailleurs il s’en excuse. Mais le père de Token est assez d’accord avec eux : il a un réel problème avec ces lois sur les crimes de haine, et il aimerait que les enfants aillent voir le gouverneur et qu’ils lui disent sa façon de penser ! Stan demande à juste titre pourquoi il n’irait pas lui-même, mais il sait déjà qu’on ne l’écoutera pas, parce qu’il est noir (et même riche comme Crésus, ça ne changerait rien à la donne !). Il explique alors aux enfants pourquoi les lois sur les crimes de haine sont hypocrites ! Le comité « Libérez Éric Cartman tout de suite » va voir le gouverneur pour lui faire un exposé sur les « lois anti crime de haine : une violente hypocrisie ! ». Stan explique que depuis quelques années, on a mis en place des lois contre les crimes de haine ! Token développe que si un homme tue un autre homme c’est un crime, mais si un homme tue un autre homme d’une autre couleur alors c’est un crime de haine ! Pour Kyle et ses confrères, c’est une violente hypocrisie car tous les crimes sont des crimes de haine : si un homme frappe un autre homme parce qu’il a couché avec sa femme, n’est-ce pas un crime de haine ? Si une personne vandalise un bâtiment officiel, n’est-ce pas pour manifester sa haine envers le gouvernement ? Pour Token, les motivations d’un crime ne devraient pas affecter la sentence ! Stan enchaîne : il faut arrêter de diviser la population en groupes ! Les lois anti crime de haine ne font que renforcer l’idée que les Blancs sont différents des Noirs, que les homosexuels doivent être traités différemment de ceux qui ne le sont pas, comme s’ils n’étaient pas pareils !!! Kyle finit l’exposé en défendant l’idée que nous devrions tous être Égaux devant la justice, avec les mêmes lois et les mêmes punitions pour les mêmes crimes. Il rajoute qu’ainsi Cartman serait libéré et qu’ils pourraient gagner la course de luge contre les filles le samedi ! C’est la présentation la plus sensée que le gouverneur ait entendu depuis bien longtemps ! Alors que Cartman s’est évadé avec la complicité de son codétenu, ils sont pris par les gardiens. Mais pour Cartman il est hors de question qu’ils se fassent prendre vivants, les matons crèveront avec eux ! En réalité, il vient d’être gracié par le gouverneur. Arrivant juste à temps pour la course de luge, il l’a remporte avec son équipe (en trichant en envoyant les filles dans le décor). Pip demande un triomphe pour Cartman et son gros cul ! Ce dernier s’empresse de demander si les roastbeefs comptent comme une ethnie dans le cas des crimes de haine ! Vu que les autres gamins s’écrient en chœur que non, il se précipite sur une pierre et la jette sur Pip l’anglais !

 

 

Conclusion :

 

 

Voyez, on se couchera moins bête car on a appris un truc aujourd’hui : c’est en créant divers niveaux de lecture de crime et donc de sanction afin de lutter contre la haine des Différences, que l’on justifie un sentiment inégalitaire présent tant chez les "minorités" que dans la majorité.

 

On peut, et on doit même, se demander s’il doit y avoir circonstances aggravantes en cas de délit/crime envers une communauté différente, mais il ne faut pas se leurrer sur les conséquences sociales de ce genre de questionnement. En effet, l’Égalité devant la loi et dans de nombreux domaines est le ciment social de nos civilisations multiculturelles et cultuelles ! Le simple fait de créer des catégories "faibles", à protéger des "forts", revient à reconnaître à des communautés un caractère autre que celui d’ensembles de Citoyens comme tout un chacun, renforçant ainsi le sentiment de perpétuel nécessité d’intégration pour des gens nés, formés et vivants dans le pays comme des habitants lambda.

 

      Une chose est sûre : ce n’est pas en analysant forcément des actes criminels sous l’angle de la Différence, que l’on arrivera à dépasser celle-ci ! N’oublions jamais que ce qui nous rapproche est plus vaste que ce qui nous différencie, et que les crimes les plus atroces sont souvent commis par des proches ou entre membres d’une même communauté (rurale, ethnique, religieuse, etc. ...) !
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