Pour pallier les enlèvements, faut-il vivre dans la peur de l’Autre et tout sacrifier ???

Publié le par Collectif des 12 South-Parkois

Catégorie : II] Pour vivre heureux, ne vivons pas cachés

                        les uns des autres !

Thème : 3) Se couper du monde n’est pas s’en protéger !

 

 

Fiche de visionnage n°9 : Épisode 90 (saison 6, épisode 11)

Les enlèvements d’enfant, c’est pas marrant

 

 

Analyse philosophique des extrêmes : Pour pallier les enlèvements, faut-il vivre dans la peur de l’Autre et tout sacrifier ???

 

 

  • Les pros : Les parents,
  • Les antis : Les Mongols, les enfants.

 

  • Thèse : Pour éviter les enlèvements, il faut renier ses Libertés ;
  • Antithèse : Se surprotéger ne sert à rien sinon à s’empêcher de vivre ;
  • Synthèse : Il ne faut pas être obnubilé par les enlèvements mais prendre les précautions de base !

 

 

Il était une fois à South Park le très anxieux Tweek qui regardait seul la télévision. Bloquant sur les infos, il apprend qu’un nouveau carnage a eu lieu dans une école de l’Idaho, cette tuerie prouvant que les enfants ne sont plus en sécurité à l’école. Zappant vite sur une autre chaîne, le poste lui dit que la menace terroriste plane sur les parcs d’attractions et qu’ainsi les enfants ne sont plus en sécurité lorsqu’ils sortent. Il a beau changer encore une fois, on lui annonce qu’un nouveau risque se développe, le kidnapping par des étrangers, ce qui entraîne que les enfants ne sont donc plus en sécurité chez eux.

 

 

Introduction :

 

 

Que ce soit pour des crimes à caractère sexuel, pour le "plaisir" de tuer une innocente "tête blonde" ou pour se venger d’une famille, les enlèvements d’enfant font parties de nombreuses cultures humaines. Puisque le risque zéro n’existe pas, ils ont toujours existé et malheureusement existeront encore.

 

Toutefois, avec la prise de conscience du phénomène par le biais des médias, les Citoyens et les parents prennent leurs responsabilités en main. Aidés en cela par la technologie et la considération que les enfants sont l’avenir de la société (chose relativement récente, puisque datant surtout du siècle des Lumières), nous mettons en œuvre les solutions jugées adéquates pour la sécurité de notre progéniture. Pour autant, nous prenons le risque de devenir des esclaves volontaires de nos psychoses, plus ou moins justifiées par la réalité statistique des faits.

 

Avons-nous encore les capacités d’êtres raisonnables ou nos angoisses nous mènent-elles déjà vers un abandon de nos principes ?

En somme, pour pallier les enlèvements, faut-il vivre dans la peur de l’Autre et tout sacrifier ???

 

 

Thèse en faveur de la méfiance absolue

 

Il est bien naturel pour un parent de s’inquiéter de savoir où est et ce que fait son enfant, afin d’être sûr qu’il ne court aucun risque.

Alors que tout parent a déjà été pris de panique au moins une fois en ne sachant pas où est son enfant, qu’il se soit trop éloigné alors qu’il était avec ses parents ou qu’il ne soit plus là où il était censé être, la technologie vient à la rescousse en utilisant le dernier cri des matériels high-tech. Grâce aujourd’hui à la géolocalisation par satellite, n’importe quoi ou qui peut être situé avec une précision épatante.

Ainsi, les parents south-parkois ont opté pour cette solution technologique, qui n’a rien à avoir avec un remède anti-kidnapping – contrairement à ce que pensent les parents – mais qui permet tout de même de toujours savoir où se trouve l’enfant affublé du casque énorme de ce localisateur. Si celui-ci se fait enlever un jour, on pourra le localiser à deux mètres près. Évidemment, Stan ne veut pas mettre ce chapeau horrible (en plus d’être gros et pesant sur sa petite tête brune), se plaignant en outre que ses copains se moquent de lui. Non seulement ses parents le rassurent sur le fait que ça se remarque à peine (mouais, enfin c’est quand même un bidule énorme, en plus avec un gyrophare, une grande antenne et une parabole), mais également lui indiquent qu’il n’a pas à s’inquiéter sur ce que pourront dire ses camarades de classe. Et pour cause : les parents sont tellement morts de trouille après que Tweek ait failli se faire enlever, que tous les gamins sont équipés de ce localisateur, plus que dissuadant par son manque de discrétion.

 

Puisque localiser un enfant qui a été enlevé est déjà guérir, mieux vaut prévenir toute tentative d’enlèvement. Et bien sûr, on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Dès lors, la solution la plus efficace est de prolonger 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, la mission première de tout parent, à savoir surveiller son enfant. Bien que cela ne soit pas évident pour leur permettre de vivre leur propre vie professionnelle, si les parents ont constamment à l’œil leur enfant, cela limite nécessairement les opportunités de kid-napping par un individu profitant de l’isolement et de la non surveillance d’un gamin.

C’est ainsi que les parents surveillent sans arrêt leurs enfants, à l’extérieur comme en classe. À l’arrêt de bus, Stan trouve que c’est encore pire que le localiseur, mais le père de Tweek et la mère de Stan rassurent tout le monde en disant que les gamins n’ont qu’à faire comme si les parents n’étaient pas là. Et forcément, ils voient alors comment leurs enfants se comportent comme des charretiers : Kyle traite Cartman de gros lard (ce en quoi la mère de Cartman ne trouve pas grand chose à redire, et pour cause), et celui-ci répond que lui au moins n’est pas un connard de juif (ce qui n’a l’air de stupéfier que les parents de Kyle, surtout sa mère avec son fameux « Quoi, quoi, quoi ? »). En classe la présence des parents est encore plus gênante, puisque M. Mackey est obligé de rappeler que les parents, qui sont censés connaître au moins une partie des réponses, ne doivent pas souffler. Il pense alors qu’avoir tous les parents en classe, ce n’est pas une bonne idée. Pour le père de Tweek, tout irait mieux si on pouvait avoir confiance en des gens comme les Stotch (les parents de Butters, qui avaient lancé la fausse information comme quoi leur fils avait été enlevé par un latino-américain alors que la mère avait tenté de le noyer après avoir appris par Butters que son mari fréquentait les saunas gays), ce en quoi le père se défend en arguant que c’est la famille Tweek qui a une réputation de merde. Alors que tout le monde se gueule dessus, M. Mackey préfère démissionner ... et demande à ses parents de le laisser seul (mais ils restent, voulant être sûr que personne ne l’importunera, voyez ; il voit).

 

Pour être sûr de ne pas être dérangé intra-muros, autant se préserver des extra-murés. Le repli sur soi, entre gens de bonne compagnie et de confiance, est le premier des réflexes de défense face à l’agression.

Si, parce qu’on a peur de ce qui vient de l’extérieur, on doit défendre ses personnes et ses biens, la solution mise en œuvre de tout temps est de se barricader, de s’emmurer vivant afin de mieux contrôler les entrées-sorties et d’avoir la meilleure défense possible.

Étant donné que Tweek a failli se faire enlever par un étranger dans les murs même de la ville, la solution pour les Citoyens est d’empêcher ces kidnappeurs d’entrer dans la cité, en fermant complètement la ville aux étrangers indésirables, un peu à la manière d’une barrière pour protéger les enfants. Le père de Stan propose alors de construire un grand mur tout autour de South Park, afin de contrôler ceux qui veulent entrer. En se demandant qui pourrait construire une telle grande muraille, la solution est toute trouvée. Tout le monde se rend alors chez City Wok, le restaurant chinois du coin. Évidemment, quand la mairesse propose ce job au seul chinois de la ville, celui-ci refuse, n’étant qu’un simple cuisinier du Shitty Phoque. Pour le père de Kyle, le cuisinier chinois est le plus qualifié pour bâtir ce mur, c’est dans ses gènes (sachant que le père de Kyle est avocat et juif, il devrait savoir que ce genre de stéréotype est d’une stupidité affligeante, mais non). Bien sûr le cuisinier chinois se rebelle contre cette vision simpliste et discriminatoire des choses (lui qui n’est pas une caricature, qui mange du riz et conduit très lentement comme tout le monde), mais le père de Stan calme le jeu en rappelant à M. Tuong Lu Kim que la grande muraille de Chine a repoussé les Mongols durant des siècles. Devant ce souvenir du passé glorieux, le cuisinier chinois se doit de s’exécuter, pour continuer l’honneur de ses ancêtres.

 

Antithèse en faveur sérénité plutôt que de la sécurité à outrance

 

Tout système mit en place génère de fait un contre-système ou du moins l’envie de passer à travers les mailles du filet.

Dans ces conditions, il est inutile – et qui plus est coûteux – de vouloir ériger des barrières "infranchissables" dans le seul cadre d’une protection passive. En effet, si l’on veut solutionner les choses, il est important d’avoir une démarche active, notamment en essayant de comprendre les Autres et de tenter par tous les moyens des solutions alternatives à son propre enfermement à l’intérieur de quatre murs.

Ainsi, alors que M. Tuong Lu Kim est encore en cours de construction du Mur de South Park, des hordes mongoles déferlent à cheval sur la plaine et s’attaquent à la grande muraille. Tuong ne comprend pas, et nous non plus d’ailleurs, ce que ces fléaux de dieu viennent foutre au plein milieu du Colorado. Il n’y a pourtant rien de plus simple : dès qu’un Chinois fait une muraille, ces putains de Mongols de merde débarquent pour tout casser ! Pourquoi ??? Tout simplement pour le plaisir de montrer que personne ne peut se murer du monde extérieur, que bâtir des murs – si hauts et si puissants soient-ils – ne résout rien. Bien au contraire, seul le fait de les détruire permet de se réunir.

 

L’humain fonctionnant par défi, que ce soit pour défendre sa Liberté ou simplement assouvir sa curiosité de voir si l’herbe est vraiment plus verte dans le champ barbelé du voisin, rien ne sera jamais assez puissant ou dissuasif pour contenir éternellement ses assauts répétés.

Plus un édifice ou un problème résiste, plus forte sera l’envie de réussir à le prendre en défaut. Et forcément, plus on tente, plus on échoue, et plus on a de possibilités d’apprendre de ses erreurs jusqu’à trouver la solution ultime. Car il faut bien l’admettre : le risque d’infaillibilité zéro n’existe pas ! Il y aura toujours une brèche, si petite soit-elle, dans toute protection ingénieuse, et plus on rajoutera de surcouche de protection, plus on ouvrira de nouvelles brèches ou on délaissera ce qu’on croyait intouchable et qui ne le sera plus avec l’avancée de la technologie ou les progrès de la ruse/machination humaine.

Après la première attaque contre la muraille et les réparations à peine finies, M. Tuong Lu Kim hallucine en entendant des bruits de sabre à proximité. Sortant son guetteur de Mongols (une longue-vue en fait), il les voit à quelques dizaines de mètres s’attaquer à son bel ouvrage. Lorsqu’il se précipite sur place en leur criant dessus, il se rend compte qu’il ne s’agit là que de simples arbustes déguisés en Mongols et d’un magnéto produisant ces sons de sabre attaquant le mur. Juste à ce moment-là, il s’aperçoit qu’il a lâché la proie pour l’ombre et revient au pas de course sur son emplacement premier (fraîchement réparé), déjà complètement ravagé par les Mongols. Il se jure que c’est la dernière fois que ces Mongols de merde démolissent sa belle grande muraille pour qui il sue sang et eau depuis un bout de temps. Il s’équipe alors d’un système de défense anti-Mongol, un missile à tête chercheuse qu’il rêve de leur balancer dans la gueule. Quand ces derniers reviennent à la charge, il fait genre le mec qui a les chocottes face à la petite balle que les Mongols veulent envoyer contre sa forte muraille. Il sort alors son arme secrète et titille les Mongols en leur proposant de dire bonjour à son copain missile. Lorsque ce dernier est relativement proche de sa cible, l’un des cavaliers verse de l’essence sur la petite balle inoffensive, puis un autre l’enflamme. Le chef lance alors la petite balle vers la muraille, que s’empresse de suivre le missile à tête chercheuse, explosant ainsi de manière encore plus destructive la muraille. Tuong s’est fait prendre à son propre piège : plus il sort la grosses artillerie, plus ça fait de dégâts, chez lui ! Vert de rage et explosé de tous les côtés, il lance dans sa souffrance que ces putains de Mongols à la con ont cassé sa grande muraille pour la dernière fois (ce qu’il avait déjà dit une autre fois, comme quoi, l’histoire se répète sans cesse). Il est persuadé d’avoir trouvé la solution ultime, leur ayant préparé du porc sauce aigre douce à leur jeter dessus, mixture brûlante et gluante. Les Mongols seront alors collés au mur et il pourra se venger facilement et sans risque de toutes ces humiliations faites à la grandeur chinoise. Mais à malin, malins et demi ! Lui qui croyait son plan génial, voit venir de loin la ruse du fameux cheval de Troie. Mais on ne l’a lui fait pas, il a lu ou entendu parler de cette histoire et ne s’en laissera pas conter ! Il joue alors la comédie, parlant haut et fort, se réjouissant de cette surprise de taille et hurlant à qui mieux mieux que les Mongols ne sont peut-être pas que des barbares puants, finalement. Il déclare assez fort pour que tout le monde entende (même s’il est seul) qu’il va pousser le cheval à l’intérieur et le montrer à tous ses amis. Pensant avoir ainsi bien feinté l’adversaire, il ouvre la trappe du cheval où sont censés se trouver les Mongols et ... reçoit une énorme quantité de porc sauce aigre douce sur le coin de la gueule. Une fois qu’il est bien empêtrer dans ce méli-mélo brûlant et gluant (son idée à la base, mais encore une fois retournée à l’avantage de l’adversaire), les Mongols attaquent, juste à côté de ce pauvre bougre inoffensif, englué dans la mélasse jusqu’au cou. Il a beau hurler la bouche pleine (ce qui n’est pas très poli) « je vous aurai un jour, je vous aurai », à l’instant présent il ne peut que contempler son impuissance. Mais il ne se laisse pas abattre pour autant : pour détruire son mur, les Mongols vont devoir le battre directement dans une ultime bataille. Il exécute alors une "terrible" ancienne danse de guerre chinoise (avec costume et tout le tintouin), censé foutre autant les chocottes que le fameux haka néo-zélandais. Histoire d’enfoncer le clou, il refait sa danse, alors que les enfants passent discrètement derrière lui pour déposer aux pieds du mur un chariot rempli d’explosifs. Lorsque ceux-ci repartent avec le détonateur en main, Tuong voit les gamins et les avertit de faire attention car la région est infestée de Mongols (ce qu’ils savent puisqu’ils ont été recueilli par eux après avoir été évincés par leur tribu familiale pour éviter leur enlèvement par les parents eux-mêmes). À peine a-t-il dit ça, qu’il s’aperçoit que le chef Mongol a un détonateur dont le fil rouge va jusqu’au chariot bourré d’explosifs puis tout explose.

 

Au-delà de ces aspects pratiques, il est important de voir que l’humain, cet animal sociable (comme beaucoup d’autres d’ailleurs), a besoin de confiance pour établir des relations sociales saines et durables.

Celle-ci est dans les relations humaines aussi vitale que l’air, même si elle est tout aussi impalpable ! La confiance permet ainsi de ne pas voir l’Autre forcément comme un ennemi qui vous veut du mal, mais permet plutôt de se sentir bien dans ce monde (de brutes aussi). Même si l’on doit se méfier dès que quelque chose nous paraît louche, il n’en reste pas moins que nous ne pouvons et ne devons pas vivre dans une bulle stérile, à l’abri des méchants mais de fait aussi couper des gentils. L’important étant bien évidemment de ne pas toujours se fier à sa première impression, qui est loin d’être toujours la meilleure.

On le voit bien par exemple quand les gamins vont au cinéma pour voir Men in Black 2. Même s’ils espèrent que le film ne sera pas à chier, ce que Kyle craint fort, Tweek est pris d’une peur panique en voyant que ce n’est pas le même guichetier que d’habitude. Alors que les autres s’en foutent, jugeant que ce n’est pas grave, lui craint qu’il veuille le tuer. Cartman se demande bien ce qu’on pu lui dire ses parents (pour une fois, Cartman "s’inquiète" pour quelqu’un d’autre que lui). La parano atteint ensuite toute la ville de South Park et nuit aux activités sportives des enfants. Ceux-ci s’étonnent de jouer dans un stade bondé de south-parkois, mais sans aucune équipe adverse à jouer. Leurs supporters parentaux se justifient en disant que s’ils ont fait faire un mur pour protéger leur progéniture, ils ne vont pas laisser entrer une équipe d’étrangers. Les parents sont tellement décalés, comme d’hab, que même si les enfants arguent du fait que jouer seul ce sport d’équipe est nettement moins marrant, ils les encouragent quand même et les félicitent à chaque balle strikée (vu qu’il n’y a pas de batteur adverse, il n’y a que ça) et pour toutes leurs si franches victoires. Pour les south-parkois, même si (ou justement, parce que) les enfants ne jouent contre personne, ils assurent à fond. Alors que tout le monde savoure la pizza de la victoire (seul vrai avantage pour les mômes à jouer tout seuls), la télévision annonce qu’une étude révèle des choses ignorées sur les kidnappings : la majorité des enlèvements ne sont pas le fait d’étrangers, mais d’un voisin que l’enfant connaît bien. C’est parce que l’enfant est en confiance qu’il y a tant de kidnappings. L’ennemi est à leurs portes blindées, prêt à agir ! Immédiatement, tous les parents décident qu’ils doivent rentrer, pizza finie ou non ! À peine chacun chez soi, qu’une nouvelle nouvelle découverte parasite le poste de télévision : la plupart du temps, les ravisseurs ne seraient autres que les parents eux-mêmes ! En effet, neuf fois sur dix l’enlèvement est commis par le père ou la mère. Les enfants ne sont donc pas en sécurité même au sein de leur home sweet home ! Pour être sûre que Tweek va bien, sa mère veut monter vérifier s’il est toujours dans son lit. Immédiatement son mari veut y aller avec elle, juste pour être sûr qu’elle ne l’enlèvera pas, ce qu’il croit qu’elle a peut-être déjà fait ! Elle a beau affirmer qu’elle n’enlèvera jamais Tweek, ce n’est pas ce qu’ils disent à la télé. Bonjour la confiance dans le couple, mais c’est pareil dans les autres familles. La question se pose alors de savoir comment protéger les enfants contre leurs parents ? La solution extrême, que les south-parkois apprécient tant, est de bannir les enfants de la ville afin qu’ils soient en "sécurité", en pleine nuit et par un fichtre froid de canard. Lorsque les parents comprennent enfin leur erreur/bêtise, ils s’excusent platement. Toutes ces infos à la télé leurs sont montées à la tête. Le fantôme de la bonté humaine (celui qui tenta de kidnapper Tweek) avait raison. Non pas d’enlever des enfants, mais sur ce qu’il disait au sujet de la confiance que l’on doit accorder à priori, sauf si la personne est trop louche. Il faut faire ce qu’il disait, pas ce qu’il faisait.

 

Synthèse

 

La télévision permet d’accélérer la vitesse de transmission de l’information. Elle facilite ainsi la prise de conscience de problématiques qui autrement nous passeraient par-dessus la tête.

Pour autant, à trop informer, les téléspectateurs les moins critiques peuvent avoir une idée faussée de la réalité des choses. On peut alors avoir le syndrome de la surmédiatisation, qui consiste à être persuadé qu’il y a beaucoup plus de ceci ou de cela qu’auparavant, tout simplement parce qu’on en entend plus parler dans le poste (télé ou radio d’ailleurs). Cela résulte la plupart du temps d’une succession d’affaires dans un court délai, nous faisant croire que ce genre de choses arrive tous les jours et donc que personne n’est à l’abri.

Il en va ainsi de Tweek qui, regardant tranquillement la télévision, tombe sur une chaîne parlant d’un nouveau carnage dans une école de l’Idaho. Cette tuerie prouverait que les enfants ne sont plus en sécurité à l’école. Il a beau vite changer de chaîne, le discours alarmiste est le même, par le biais de la cascade médiatique où ce que l’un dit, l’autre le reprend dans le cadre d’un dossier pour ne pas paraître omettre des sujets "d’actualité". Il apprend alors que la menace terroriste plane sur les parcs d’attractions et que les enfants ne sont plus en sécurité lorsqu’ils sortent. Après un autre zapping, la télé lui révèle qu’un nouveau risque se développe : le kidnapping par des étrangers. Les enfants ne sont donc plus en sécurité chez eux. Avec tout ça, on comprend bien que lorsque ses parents l’appellent pour qu’il vienne dans la cuisine pour le voir, lui comprend que ses parents veulent l’avoir. Ils lui parlent justement des risques de kidnapping, en précisant qu’il n’arrivera sans doute jamais rien, mais son esprit d’anxieux caféiné reste persuadé "qu’ils" vont venir le prendre, lui qui n’y peut rien mais qui a toujours l’impression qu’on va l’agresser.

 

Même si nos sociétés dites "modernes" sont très nettement individualistes, il n’en reste pas moins que la solidarité est nécessaire, ne serait-ce que sur des petits détails mais qui peuvent faciliter la vie de tout un chacun quand il en a besoin.

Ainsi, il est plus qu’agréable, nécessaire, que l’on puisse demander à n’importe qui un petit coup de main quand on requiert de l’aide. Cela nous rassure sur la nature humaine, qui n’est pas bonne par nature, mais que la société façonne selon ses principes, dont l’entraide est un des fondements pour sa survie propre (individuelle autant que collective). Personne ne pourrait vivre sereinement (et même dignement) dans une société où tout le monde a peur de tout le monde.

Lorsqu’un automobiliste demande gentiment son chemin pour aller à Breckenridge, ou simplement de confirmer qu’il se trouve bien à South Park, Tweek l’envoie balader. Idem quand une vieille dame lui demande de l’aide pour traverser, sa réponse est cinglante avec un « je vous connais pas ! ». Pire encore alors qu’un paralysé en fauteuil remercie dieu que le gamin soit là pour le sortir du pétrin, sachant que son fauteuil est en panne de batterie ... au beau milieu de la voie ferrée. Tweek lui balance froidement qu’il ne doit pas parler aux inconnus. Le paralysé de la tête aux pieds (qui avance grâce à une commande buccale mais qui est cassée) a beau lui dire que ce n’est pas drôle et qu’il a vraiment besoin d’aide (ce qui se voit dix fois), Tweek refuse obstinément en pensant qu’il s’agit peut-être d’une ruse. Lorsque le train l’éclate sur son passage, Tweek trouve que la ruse est quand même vachement bien faite, mais bon (de toute façon il est trop tard). "Heureusement", dans son sommeil, Tweek a l’apparition du fantôme de la bonté humaine. Celui-ci ne peut accepter que le petit garnement ait perdu foi en l’humanité. Certes il a toujours l’impression qu’on va l’agresser, mais le fantôme lui explique que ce que les infos nous montrent n’est que le monde que les adultes qui ont perdu leurs rêves préfèrent voir. Mais le vrai monde n’est pas comme ça. Il lui montre alors une femme qui va à la maison de retraite. Elle est bénévole et donne un peu de son temps à des personnes âgées qui ont tellement besoin d’amitié. Il lui désigne une humble demeure, abritant un couple qui a adopté des petits orphelins. Avant, ils n’étaient que des étrangers. Désormais, ils sont leurs parents. Plus loin, une vieille dame avait un pneu crevé et deux inconnus sont venus l’aider. Il lui demande si on parlera de toutes ces personnes dans les journaux télévisés, si on montrera leur bonté aux infos ? Rien de moins sûr. Mais une chose est sûre, elle : même si les infos ne parlent que de tueurs et de kidnappeurs, ils ne représentent qu’une toute petite minorité ! (ce en quoi il enjoint à Tweek de monter dans sa camionnette ... avant de se faire pincer par les flics à la recherche de ce Frédérick Johnston, un kidnappeur qui agit sous ce déguisement depuis un an).

 

On n’est jamais sûr de rien, mais l’on peut tout de même faire confiance à beaucoup de monde. La limite étant bien sûr de se sentir à l’aise et d’essayer de détecter les comportements louches.

On dit que la confiance est quelque chose qui s’apprend par les preuves, que l’Autre fait pour témoigner de ses bonnes mœurs et foi. Pour autant, les enfants sont des êtres timides par nature et ont toujours peur d’autrui dès que les parents ne sont pas à proximité ou ne les ont pas rassurés sur l’inoffensivité d’une personne, d’une chose ou d’un geste. Même si chat échaudé craint l’eau froide, il n’en reste pas moins que la confiance (et son meilleur allié, le discernement) doit nous gagner.

C’est justement ce que propose le fantôme de la bonté humaine à Tweek lorsqu’il lui demande s’il croit pouvoir apprendre à faire confiance aux gens. Ce dernier indique en tout cas qu’il va essayer, ce qui est un bon début. Malheureusement, ce fantôme de la bonté humaine promeut la confiance pour mieux en user et abuser, mais la société veille puisqu’il se fait arrêter avant son passage à l’acte criminel.

 

 

Conclusion :

 

 

Voyez, on se couchera moins bête car on a appris un truc aujourd’hui : les relations avec les étrangers (voire même certains familiers, mais qu’on ne connaît pas si bien que ça – puisqu’on ne connaît jamais vraiment le fond de qui que ce soit) sont emplies de préjugés coupables que nous nous devons de surmonter pour pouvoir vivre tranquillou bilou en bonne Harmonie sociale.

 

Bien que la profusion d’informations peut nous faire croire que nous ne sommes en sécurité nulle part et avec personne, nous sommes obligés de vivre avec les autres, que cela nous plaise ou non. Si nous ne voulons pas vivre comme Bernard ou Thierry en ermites coupés du monde, nous devons apprendre à faire confiance aux gens, mais pas non plus de manière aveugle. Ici se trouve la délicate alchimie permettant de jauger si l’on peut y aller ou si l’on doit se méfier, sachant qu’il faut toujours rester un peu sur ses gardes, sur la défensive, face à des inconnus.

 

Étant donné que l’habit ne fait pas le moine (puisque même eux peuvent pour certains être de véritables pervers, interdiction du mariage et du sexe, créant la frustration de besoins naturels et vitaux, obligent), l’important est de ne pas commettre les erreurs de base en suivant les précautions d’usage et d’essayer de jauger les intentions d’une personne (étrangère ou non) qui nous sollicite pour quoi que ce soit. Pour ne pas verser dans la psychose, aider les autres mais se protéger quand même, la première des nécessités parentales est de parler et d’informer son enfant sur les risques, éventuels, qu’il pourrait rencontrer : un gamin avertit en vaut deux. Nous finissons tout de même ce point de vue critique par un « il n’arrivera sans doute jamais rien » ... mais quand même, restons vigilants et prudents !

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