Un alcoolique est-il un malade comme un autre ???

Publié le par Collectif des 12 South-Parkois

Catégorie : V] La modification des états de conscience n’est pas une solution, mais de toute façon les drogues durent !

 

 

Fiche de visionnage n°29 :

Épisode 139 (saison 9, épisode 14) – Bloody Mary

 

 

Analyse philosophique des extrêmes : Un alcoolique est-il un malade comme un autre ???

 

 

  • Les pros : le père de Stan et les AA (Alcooliques Anonymes),
  • Les antis : Stan.

 

 

  • Thèse : C’est pas ma faute à moi, je suis malade, complètement malade,
  • Antithèse : Quand on veut on peut, tout est question de discipline,
  • Synthèse : L’alcool est une drogue accrocheuse, à consommer avec beaucoup de modération et de précaution !

 

 

Il était une fois à South Park le gros Ericosan qui faisait n’importe quoi au cours de Ichi Ban Karate.  Alors que les enfants font des mouvements d’entraînement avec les poings en répétant « Ichi » après le prof, Cartman ne peut s’empêcher de faire différemment en disant « Ichi banzaï », mettant un peu de bonzaï dans ses mouvements car il estime être meilleur que tous les autres ! Le prof le rappel à l’ordre en lui disant qu’il doit suivre ce qu’il dit et en lui indiquant (ce que personne ne peut contester, étant donné l’autorité qu’il a sur sa mère) qu’il manque de discipline !!! Le prof s’adresse ensuite à tous les autres en leur prodiguant le conseil éclairé que « la vraie discipline, elle vient de l’intérieur ! »


Introduction :

 

 

Les boissons fermentées font parties de la culture humaine depuis des millénaires puisque les Égyptiens faisaient déjà de la bière dans des brasseries industrialisées vers le -Vè millénaire, sachant en outre que certains autres animaux se délectent des fruits en cours de pourrissement se qui signifie que leur sucre se transforme en éthanol.

 

Pour autant, lorsque certaines tribus proposaient à d’autres (qui ne connaissaient pas l’alcool) de trinquer avec le verre de l’amitié, ces dernières croyaient que l’on tentait de les empoisonner avec un liquide qui fait tourner la tête et vomir ses entrailles. Ainsi, depuis une date très reculée, on sait que l’alcool est une boisson enivrante dont il ne faut pas abuser, les Grecs ayant même défini des normes sociales très strictes sur qui, à quel âge, à quelles occasions et en quelle quantité, avait le droit de boire quoi. Pour autant, comme pour n’importe quelle drogue, il y a toujours des gens qui savent gérer le produit pour ne pas aller plus loin que là où ils veulent aller, et d’autres qui se laissent emporter par l’euphorie des paradis artificiels, parfois jusqu’au perchage à vie, voire la mort.

 

Certains alcoolo-dépendants sont salement empêtrés dans leur alcoolisme ; malgré des cures de désintoxication à répétition, ils continuent d’enchaîner rechute sur rechute. A ce niveau-là, faut-il les traiter comme des malades « incurables » ?

En somme, devant tous les désastres que peut provoquer l’alcool au niveau sanitaire et social, doit-on considérer les alcooliques comme des malades qui s’ignorent ???

 

 

Thèse en faveur de la pathologie alcoolique

 

    Une partie de la définition d’une maladie mentale est que le patient n’est pas forcément conscient,  ou nie, l’existence de la pathologie incriminée et son infection par celle-ci.

    Ainsi, on peut considérer que l’alcoolisme est bel et bien une maladie mentale car pour certaines personnes, qui savent bien sûr qu’elles boivent, leur consommation élevée n’est pas le fruit d’une pathologie mais plutôt un attrait, immodéré, pour les boissons fermentées. De fait, tant que la personne ne ressentira pas les symptômes du manque (ce contre quoi elle se bat sans cesse), elle ne pourra se considérer comme folle d’alcool, jusqu’à ce que la cirrhose ou autres dégénérescences liées aux abus d’éthanol ne se manifestent.

    Par exemple, pour le père de Stan (lors de sa première réunion des Alcooliques Anonymes) son seul problème est qu’il aime beaucoup la bière (nous aussi d’ailleurs). Lorsqu’une personne lui dit qu’il doit admettre qu’il est alcoolique, celui-ci rétorque qu’il n’est sûr d’être réellement un alcoolique. Quand une femme lui demande alors pourquoi il est là, il répond simplement que c’est parce qu’il a été arrêté saoul au volant et qu’il est obligé d’assister aux réunions des AA pendant deux semaines. Pour lui, il a fait une connerie un soir, il a trop picolé et a conduit une voiture : c’était débile, et il ne le refera plus jamais, point final le débat est clos. C’est Michael, le leader des AA qui lui indique qu’il ne pourra réduire sa consommation tout seul. En effet, pour lui, le père de Stan doit être conscient d’une chose : il a une maladie ! Comme pour la plupart des maladies, il ne pourra se soigner tout seul, alors que cette pathologie est mortelle. Lorsqu’il apprend cela à Stan, celui-ci se demande bien si ce n’est pas une fausse excuse et lui pose tout de suite la question de savoir si son père est bien allé à la réunion des AA. Le père confirme que oui, ajoutant que c’est d’ailleurs là-bas qu’il l’a appris : lui qui croyait pouvoir arrêter de picoler tout seul, il devait à présent admettre son impuissance face à cette terrible pathologie !

 

    Une des raisons pour lesquelles ont boit (trop), est de se sentir à l’aise avec les autres, mais surtout d’oublier (oublier quoi ? Je sais pas, j’ai oublié justement !).

    Une chose est certaine, et tout le monde a malheureusement pu l’expérimenter à titre personnelle  ou par tiers interposé, c’est que l’alcoolisme est un mal qui tel la maladie d’Alzheimer s’attaque aux capacités de réflexion de quiconque en use et abuse. Au-delà des troubles du langage, de s’emmêler les pinceaux dans ce que l’on voulait dire et surtout ne pas dire, l’alcool rend bête, annihile un certain nombre de capacités intellectuelles, voire rend fou furieux pour rien. La raison en est que l’éthanol, la molécule principale de l’alcool, est une substance très fine qui passe à travers les parois sanguines pour noyer le cerveau, lui faire tourner la tête jusqu’à en perdre la boule. Plus le niveau d’éthanol monte au crâne, plus les fonctionnalités qui ont mis des millions d’années à évoluer sont court-circuitées par ce jus assommant, jusqu’à ce que les fonctions primaires tel que l’équilibre s’en trouve touché et que l’on s’effondre comme une merde. La sensation du lendemain d’avoir les cheveux qui poussent vers l’intérieur est ainsi les restes non recyclés de la veille alors que le niveau d’éthanol redescend doucement et remet à nouveau le cerveau en cale sèche.

    Outre le fait de prendre la voiture en étant bourré (ce que nul ne peut ignorer être dangereux, il suffit de lire les faits divers du dimanche/lundi), alors que Stan reprend son père en lui rappelant qu’il est défendu de boire en conduisant, son père manque de maturité en lui indiquant qu’il ne boit pas en conduisant, mais qu’il conduit en buvant, nuance de taille (sic) ! Seul Cartman trouve ça normal en disant « Bien sûr, rien à foutre ! ». Lorsque le père de Stan se fait arrêter par la police, l’énormité de son lapsus (très révélateur dans ce cas) le trahira : « Est-ce qu’il y a un agent monsieur le problème ? » (dit-il avec des tout petits yeux). Évidemment, le policier lui demande de descendre du véhicule pour passer le test de sobriété (il descend, avec le futal débrayé et la braguette ouverte en grand ; heureusement que le policier le tient, sinon il tomberait comme une merde). Lorsque celui-ci lui demande de lever les deux bras et de les mettre en croix, cet ivrogne bête à brouter de l’herbe de bison Zubrowka, se vante d’avoir réussi sans aucun problème (mouais, enfin presque) alors que ce n’est que le début de l’exercice. Quand le policier lui demande de toucher son nez avec son doigt, non seulement il ne comprend pas la question, mais en plus il déclare que ce n’est pas humainement possible ça. Le policier lui montre que c’est facile, mais (relevant fièrement le défi) plus il tente, moins il réussit mais plus il se ridiculise, en allant jusqu’à perdre son pantalon ! Bien sûr la police l’embarque, mais lui ne comprend pas ce qu’il a pu faire de mal. Dans le même registre, ayant appris qu’à l’église de Bailey (hum, avec deux autres tiers de liqueur d’orange – type Cointreau ou Grand Marnier – et de cognac, un délice) la statue de la vierge Marie saigne par son cul et que le divin sang de son cul aurait un pouvoir de guérison pouvant soigner mon alcoolisme, il s’apprête à conduire en étant bourré. Lorsque Stan lui explique qu’il n’a pas le droit de conduire parce qu’on lui a retiré son permis, et qu’il risque alors dix ans de taule, son père n’hésite pas une seconde à imposer à Stan (son unique espoir de guérison) de conduire jusque là-bas (alors qu’il voit à peine au-dessus du volant, ah stupidité éthylique quand tu nous tiens).

 

    Une dernière preuve que l’alcoolisme est une maladie, est que malgré toutes les souffrances morales (voire des fois physiques) infligées à son entourage (tant familial que professionnel), la personne ne se prend en charge que grâce à une thérapie de choc.

    Si nous parlons de trouble ou de toute autre gêne, très souvent la pression des proches suffit à faire prendre conscience des torts que l’on fait à ceux que l’on aime ou avec qui on travaille, et force la personne à se prendre en main pour changer ou du moins améliorer la situation. Dans le cas de l’alcoolisme chronique, on peut malheureusement se rendre compte que trop souvent même un drame ne suffit pas à la prise de conscience des efforts à faire pour s’en sortir (puisqu’à ce moment-là  les alcooliques se noient encore plus dans la boisson pour oublier tout le mal qu’ils ont pu commettre, justement à cause de l’alcool, cet « ami » qui vous fait croire qu’il vous veut du bien alors qu’il fait en sorte que vous fassiez le mal autour de vous).

    Ainsi, le leader des AA, Michael, nous apprend qu’il avait perdu son travail et sa famille à cause de son addiction. Mais avec l’aide des AA et leur programme en douze étapes, il est sobre depuis dix ans maintenant ! Il explique bien au père de Stan qu’il n’a pas la capacité de prendre cette décision [ne plus conduire en état de débri(été)] : La seule chose qui fonctionne, c’est le traitement de choc grâce au programme en douze étapes ! Étape numéro 1 : Admettre qu’on est impuissant face à son problème de boisson ! Ce n’est qu’ensuite qu’il pourra aller vers les autres étapes, telles que tourner sa vie vers dieu (étape 3) et humblement le prier de le débarrasser de ses faiblesses (étape 7), faire un inventaire moral (étape 4), s’amender directement auprès des personnes à qui l’ont a fait du tort (étapes 8 et 9), continuer à faire son inventaire personnel et lorsque l’on a tort l’admettre immédiatement (étape 10), chercher par la prière et la méditation à améliorer son contact conscient avec dieu, priant seulement pour la connaissance de sa volonté pour lui et la puissance de porter cela dehors (étape 11) et enfin, après avoir eu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, essayer de diffuser ce message aux alcooliques, et de pratiquer ces principes dans toutes les affaires de la vie quotidienne (étape 12).

 

Antithèse en faveur d’une drogue engendrant la dépendance

 

    Étant donné que l’alcool est une drogue (et des plus vicieuses en plus), on ne peut pas considérer que l’alcoolisme est une maladie (au mieux, on pourrait envisager que c’est un symptôme, la partie émergée d’un problème plus profond mais moins visible).

    Quelle que soit la drogue, il y a des habitudes et des quantités de consommation à partir desquelles s’installe la dépendance. Certains, ne pouvant admettre leur alcoolo-dépendance, utilise l’excuse d’une maladie pour justifier leurs TOCCs (Troubles Obsessionnels Compulsifs de la Cuite). Ainsi, plutôt que de chercher à se prendre en main par eux-mêmes ou grâce à un alcoologue, certains alcooliques pensent pouvoir se soigner facilement suivant on ne sait quel traitement miracle, comme si en prenant des cachets les problèmes de fond qui ont mené à la surconsommation allaient disparaître et les maux (de tête, de ventre) liés avec !

    Preuves que l’alcool est une drogue, lorsque Kyle demande au père de Stan s’il est sûr de pouvoir conduire, celui-ci répond que ça va aller car il a tout un minibar rempli de bières pour l’empêcher de redescendre (enchaînant dans la voiture binouze sur binouze). Idem, quand Stan et son père font la queue pour accéder au miracle de la Bloody Mary (vodka, jus de tomate, et généralement d’autres épices tels que la sauce Tabasco, du sel de céleri, de la sauce anglaise – Worcestershire – et du jus de citron) Randy se plaint de la lenteur car il risque de tomber à court de bière ! Peu avant, alors qu’il est déjà bien attaqué en plein après-midi, comme un toxicomane qu’il est (sans vouloir, ou oser, se l’avouer), il demande à Stan d’aller lui chercher une autre bière. Évidemment Stan lui répond qu’il n’a pas besoin d’une autre bière, mais même s’il en est bien conscient, ce besoin plutôt qu’envie provient de cette saleté de maladie (qu’il hait) qui le bouffe ! Dans le même registre, lors de la réunion des AA, un certain Bill déclare que depuis qu’il est sobre il ne fait plus de turluttes à des inconnus sur Callfax avenue pour se payer sa vodka ! Le père de Stan est complètement à côté de la plaque quand il estime que son addiction est du même niveau que la maladie de ceux qui attendent d’être soignés par la statue de la vierge et son hémorroïde miraculeuse. Le premier malade qu’il croise lui dit qu’il y a on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau et qu’ainsi la statue est son dernier espoir d’être sauvé. Le père de Stan ne trouve rien de mieux à dire qu’il comprend ce que ce malade incurable ressent, lui étant atteint d’alcoolisme (sévère certes, mais il faut savoir proportion garder). Voyant un habitant de South Park plus loin dans la file d’attente, il se hisse à son niveau. Quand la personne lui demande ce qu’il fait dans un fauteuil, il dit que qu’il est tombé malade, d’alcoolisme, et que c’est vachement grave. Voyant que la fille du monsieur fait de l’éléphantiasis (comme elephant man), son manque de lucidité lui fait dire que finalement elle et lui sont pareils, ce qui paraît plus qu’alambiqué pour quelqu’un à jeun comme Stan et les autres personnes de la file. Il faut dire que les AA lui ont retourner le cerveau, comme ce gars qui en a trop pris qui dit à Stan (venu voir ce qu’on avait bien pu dire à son père pour qu’il soit comme ça) que l’alcoolisme est une maladie parce que c’est une dépendance physique et que c’est pour ça que c’est une maladie ! Bien sûr Stan rétorqua que le cancer est une maladie, que son père  doit juste boire moins, et qu’il ne faut pas raconter des conneries comme ça à son père, parce qu’il est genre hypocondriaque ! Et c’est vrai que le père de Stan se considère vraiment comme malade, et on ne peut pas nier qu’il tousse et crache ses entrailles comme un malade en phase terminale. A un point tel que dans l’après-midi il prit le fauteuil du roulant du grand-père, se justifiant auprès de Stan qu’il devait à présent y aller doucement. Il alla même jusqu’à la salle de bain (record le nombre de grammes qu’il avait dans chaque bras), levant les mains haussant le ton vers le ciel (enfin le plafond) et s’écriant « C’est trop injuste, pourquoi vous m’avez donné cette maladie ??? » Il se tondit alors, histoire de vraiment être comme un pathologué pathétique bouddhiste. Pour lui, s’il ne s’en remet pas entre les mains d’une puissance divine, cette maladie finira par le tuer ! Comme il le dit lui-même, dans son délire, nous avons bien peur que la seule chose qui puisse le soigner ce soit un miracle ! Il est persuadé qu’il peut crever s’il attend trop longtemps ! Pour lui, il a besoin d’un miracle bien plus que tous les gens dans la file d’attente, il est alcoolique, donc il ne « peut pas » lutter contre ça ! En plus il est conforté dans ses hallucinations par un policier anti-resquilleur qui le comprend parce que son frère aussi est alcoolique. Le faisant passer devant  tout le monde, le père de Stan ne manque pas de se justifiant en criant « Alcoolique, y a urgence ! ». Mais preuve ultime qu’il s’agit bien plus d’une addiction à forte dépendance qu’une maladie, alors qu’il se croyait soigné par le sang de la statue de la vierge la télévision relaya (lors d’une soirée AA dans un pizzeria) l’information du pape déclarant que le sang ne venait pas du cul de la vierge Marie, mais plutôt qu’il venait de son vagin, ce en quoi il conclut, nous citons, qu’« une gonzesse qui saigne du vagin ce n’est pas un miracle, les gonzesses saignent du vagin tout le temps ! ». Pour le père de Stan le coup fut dur : cela signifiait pour lui qu’il n’était pas soigné, qu’il avait encore cette maladie ! Sa pulsion addictive de destruction reprit immédiatement le dessus et il se devait alors de boire, éclatant sa chope de limonade par terre. Il commanda alors : trois Martini, deux petites bouteilles de vodka, trois bouteilles de bière et des cacahouètes ! Le tout ponctué d’un élégant « Maniez-vous le cul bordel ! » à destination du barman (manque oblige). Malheureusement, le père de Stan se retranche à nouveau derrière le prétexte de la maladie en déclarant que c’est le pape qui l’a dit ! Le pouvoir de dieu ne l’a pas soigné, il est de nouveau impuissant ! Tous les autres AA ont alors une subite remontée d’impuissance et se précipitent pour dévaliser le bar.

 

    On le voit bien avec ce dernier exemple, chassez le naturel et il revient au galop ! Les AA qui n’ont pas solutionné leurs problèmes de base sont toujours « malades », ou plutôt porteurs sains chez qui la moindre occasion peut engendrer une rechute dans la toxicomanie.

    Pour palliez à ça, il faut prendre pleinement conscience des méfaits de l’alcool sur sa santé mais aussi sur ses actes et sa dépendance au produit. Sans faire cela, toute thérapie ou autre soin ne sera jamais qu’un sparadrap sur une gueule de bois. Tant que l’on ne veut pas admettre que l’on a un sérieux problème de boisson, on ne saura prendre les dispositions qui s’imposent pourtant et on ne fera que reculer une échéance inéluctable et dramatique, que ce soit la cirrhose, le platane (ou un gamin traversant la rue), voire la violence.

    Comme le disait le père de Stan avant d’être embobiné par les AA, il faut qu’il réduise sa consommation d’alcool, et surtout qu’il ne conduise plus jamais bourré ! Sage résolution, qu’il faut s’efforcer de tenir malgré les pressions culturelles.

 

    Les tentations sont multiples et variées dans nos sociétés où l’alcool coule à flot, où l’on est regardé de travers si l’on dit que l’on ne boit pas du tout (ah bon ? Même pas une petite bière ou un verre de vin ? C’est pas de l’alcool pourtant ! Allé, je te fais un cocktail super léger, tu m’en diras des nouvelles !!!).

    A partir du moment où la personne sait qu’elle a un problème avec l’éthanol, elle doit s’imposer des règles de bonne conduite afin de ne pas retomber sans cesse dans les excès de la consommation abusive de liquides stupéfiants. Pour éviter de se tortiller la tête mais éviter quand même le mal de crâne des lendemains qui déchantent, plutôt que de se prendre en main et de lever le pied sur le levé de coude, on attend un miracle. Mais au-delà de la prise de conscience de ses fragilités et faiblesses envers le produit, il faut surtout s’appliquer une discipline stricte afin de garder la mainmise sur sa consommation, qui (autant pour les drogués que pour les simples joyeux drilles) se doit toujours d’être modérée, autant pour préserver son corps (qui veut aller loin ménage sa monture) que son image et ses relations sociales.

    Alors que le père de Stan avait pourtant dit qu’il n’allait plus boire autant, son fils le trouve au milieu de l’après-midi bourré comme un coing, rond comme une queue de pelle. Lorsqu’il fait sa rechute après avoir entendu à la télé que la statue de la vierge n’était pas miraculeuse, Stan le rappelle à l’ordre en lui disant que rien ne l’oblige à picoler, que c’est lui qui a le pouvoir (la preuve, il n’a rien bu depuis qu’il a vu la statue). Si la statue n’était pas miraculeuse, ça veut bien dire que c’est lui qui l’a fait, qu’il a tenu sans boire pendant cinq jours rien qu’avec sa volonté ! Il comprend alors enfin que si ce n’est pas dieu qui l’a empêché de boire, alors … c’est lui, et qu’il pourra peut-être se forcer à ne plus jamais picoler de sa vie. Pour Stan la solution est plus nuancée : il suffit juste que son père arrête de boire autant. Pour autant, peut-être que son père est le genre de personne qui a besoin d’avoir tout ou rien ! Stan lui enseignera encore une fois la voie de la sagesse, la voie du milieu : tout ou rien c’est facile, mais savoir boire un petit peu, responsablement, ça c’est de la discipline ! La discipline, elle vient de l’intérieur ! Étant donné que son père aime bien boire, il peut boire un verre de temps en temps, même deux ! Mais si tout au long de son existence il s’interdit complètement un truc qu’il aime, alors ce truc contrôlera sa vie et il n’apprendra jamais à être discipliné ! Stan a vraiment eu un excellent prof ... de karaté ! Le père et le fils laissent alors la voiture sur place et rentrent chez eux pour regarder le match. Le père boira peut-être une petite bière ou deux, voire même trois (Stan dit que ce n’est pas trop grave s’il les espace), ou bien alors quatre (là il pousse un peu). Testant les limites de sa discipline, il demandera s’il peut boire une vingtaine de binouzes, ce qui bien sûr n’a plus rien à voir avec de la modération, et s’interrogera même pour savoir si la vodka compte ! Sacré pochetron va !!!

 

Synthèse

 

    Le vrai malheur par rapport à l’alcool est qu’il n’est pas considéré dans nos sociétés occidentales comme une drogue. On parle toujours de la consommation excessive de drogue et d’alcool, sans vouloir s’avouer que l’éthanol en fait partie et ne devrait donc pas être mis à part.

    Pour bon nombre de personnes, le simple fait qu’une seule lichée ne suffise pas (contrairement au café Maxwell) à ressentir de vrais effets est un signe que ce n’est pas une drogue. Pour ces gens-là, une drogue se caractérise par le fait qu’on en est dépendant quotidiennement (ce qui peut déjà être le cas du « ch’ti canon » de rouge à chaque repas), admettant alors que seuls les jeunes se comportent comme des toxicos en heures creuses, soirs et week-end. Mais il suffit de voir comment se déroule un apéro puis le repas pour bien voir que la modération est rarement de mise quand l’alcool est convivial, qu’il rend les dîners de cons vivables.

    Pour le père de Stan, un mec, un vrai, doit apprendre certains trucs et astuces avant de conduire, tel que pisser dans une bouteille alors qu’on est au volant plutôt que de sagement s’arrêter sur le bord de la route. Pour lui, l’explication est toute simple : il y a bien une raison si dieu nous a fait la bite en forme de tuyau, et c’est justement pour pouvoir purger la binouze sans faire de pause pipi ! Idem, alors qu’on lui a imposé d’aller dans les écoles raconter son expérience et les dangers de l’alcool, il minimise ses abus de la veille en indiquant qu’il a bu très peu, un ou deux verres avant de conduire, et que cette sanction est bien lourde pour un petit écart, lui qui ne se considère pourtant pas comme un alcoolique ou un fou du volant (alors que bien sûr il n’avait pas que sucé quelques glaçons, mais s’était bien pété la ruche). Pour lui, il ne faut pas abuser de l’alcool parce que ça entraîne  … plein d’ennuis (mais seulement avec la police à ses dires, sans prendre trop en considération les risques sanitaires et sociaux), notamment le fait de passer la nuit en prison (ce qui est toujours mieux que perché en-haut d’un arbre avec la rate explosée). Enfin bref, il conseille aux enfants de ne pas boire ... mais s’ils doivent boire (pression sociale et imitation des phénomènes de groupe « obligent »), surtout qu’ils ne conduisent pas (enfin une vraie parole sensée).

 

    Le problème fondamental de l’alcool est bien que ce soit une drogue socialement acceptée (ou tolérée selon les cultures occidentales) car jugée « acceptable » par rapport aux autres (qui font pourtant souvent moins de dégâts sanitaires et sociaux), mais quelle est humainement et relationnellement décevante et déplorable !

    Alors que le cannabis rend tout mou et bête à fumer du foin (ce qui ne dérange pas trop les gens alentour puisqu’il suffit d’aller voir ailleurs d’autres personnes), que l’ecstasy rend tout love mais sans trop importuner autrui, la cocaïne rend trop sûr de soi (on masterise, on gère, mais qu’est-ce qu’on peut être mégalo) et l’alcool rend pénible les conversations, transforme l’ivrogne en boule de billard cognant contre les bandes et les personnes, voire susceptible et agressif pour un rien (les champignons, eux, en quantité raisonnée, ont très peu d’inconvénients sociaux, si ce n’est qu’on veut que tout le monde rit et soit aussi énergique que soi ; mais si les personnes en face ne réagissent pas, t’en pis pour elles, on va pas se gâcher son plaisir et on va s’exciter ailleurs avec d’autres).

    A la sortie du cours de karaté, les gamins sont pressés car ils veulent voir le dernier épisode de Lost. Non seulement le doute s’installe pour savoir s’il est au courant qu’il doit tous les raccompagner, mais il fait vite place à la déception de Stan que son père ne les ait pas regardés comme les autres parents (eux lisaient le journal ou se faisaient chier, alors que lui a rencontré son pote Nelson et ne pouvait résister aux Margarita à deux dollars – question de priorité dans la vie). Le père de Stan continuera ses méfaits en foutant la honte de sa vie à son fils, déjà en l’écœurant en lui refilant une bouteille toute chaude pleine de pisse quand il se fait arrêter par les flics, en perdant son pantalon dans l’arrestation, puis en vomissant son quatre heure à force de souffler comme un dingue dans l’éthylotest au poste de police. Évidemment, les gamins jugent tout ça super lourd, eux qui sont rentrés chez eux à deux heures du matin, ce qui a vraiment cassé les couilles à Cartman. Alors que Stan leur demande d’éviter de parler de la veille, bien sûr Cartman ne comprend pas pourquoi mais de toute façon son plaisir de révéler l’affaire sera gâché. En effet, avant de continuer la leçon sur l’économie, Mme Garrison propose d’écouter un discours de motivation ! La police leur a envoyé quelqu’un qui va tout leur dire sur les dangers de la conduite en état d’ébriété, le père de Stan (qui arrive tout penaud) ! Stan n’en peux plus et colle sa tête sur la table pour ne pas voir ni cette déchéance paternelle ni le regard moqueur de ses camarades de classe. Évidemment, Mme Garrison enfoncera le clou : « Nous avons tous appris une importante leçon, n’est-ce pas les enfants ? Si vous ne faites pas les bons choix dans la vie, vous pourrez devenir de gros loosers comme le père de Stan ! Il faut être con pour boire au volant, personne ne veut finir comme le père de Stan je suppose !!! Je veux que vous regardiez très attentivement le père de Stan en vous disant « est-ce que je veux ressembler à ça dans trente ans ? », prendre des PV et aller dans les écoles élémentaires pour dire que je suis pitoyable ! ». Plus tard, après la réunion des AA où la « maladie » fut diagnostiquée, Stan rentre de l’école et voit son père cloîtré tourner à la binouze, emballé dans une couverture comme un vieux débris de boisson. Le fils s’en indigne : « Pa’ sans déconner, qu’est-ce que tu fais ? T’es encore déchiré ! Mais arrête maintenant !!! »

 

    Pour finir, le malheur des uns fait le bonheur des autres. En-dehors des centres médicaux spécialisés dans le traitement de l’addiction alcoolique, il existe une kyrielle de gens de « bonne volonté » prêts à vous aider moyennant beaucoup de finances.

    Les pires escrocs, les charlatans, les médecines douces (sauf pour le portefeuille), n’attendent tels des vautours qu’un pigeon bourré pour se jeter sur le reste de son liquide qui n’est pas parti dans la soif. Il en est ainsi du mouvement des Alcoolique Anonymes, que peu soupçonnent de faire l’apologie d’un dieu dont le sang du fils est représenté par du vin chaud que le prêtre boit dans un calice jusqu’à la lie, alors que ceux que les AA sont sensés aidés boivent le même type de vin jusqu’au lit.

    Ainsi, comme beaucoup de personne, le père de Stan s’étonne que les AA soit un truc religieux, ce en quoi Michael (le leader) rétorque maladroitement que ce n’est pas religieux mais qu’il faut seulement admettre qu’il y a disons un dieu qui a un pouvoir sur nous, se tourner vers lui et lui demander de nous pardonner ! Pour lui, c’est la définition de leur programme en douze étapes, pas d’une religion ! Voici justement le programme. Étape numéro 1 : Admettre qu’on est impuissant face à son problème de boisson ! Ce n’est qu’ensuite que l’on peut aller vers les autres étapes, comme croire que seule une puissance supérieure, dieu, nous fera arrêter de boire (étape 2), et donc tourner notre vie vers dieu (étape 3) et humblement le prier de nous débarrasser de nos faiblesses (étape 7) ! Étape 4 : Faire un inventaire moral ; Étape 5 : Admettre devant dieu la nature exacte de nos erreurs ; Étape 6 : Être prêt à ce que dieu nous éloigne de nos défauts ; Étape 8 : Faire une liste des personnes à qui l’ont a fait du tort et développer la volonté de s’amender auprès d’eux tous ; Étape 9 : S’amender directement auprès de ces personnes ; Étape 10 : Continuer à faire son inventaire personnel et lorsque l’on a tort l’admettre immédiatement ; Étape 11 : Chercher par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec dieu, comme nous l’avons compris, priant seulement pour la connaissance de sa volonté pour nous et la puissance de porter cela dehors ; Étape 12 : Après avoir eu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, essayer de diffuser ce message aux alcooliques, et de pratiquer ces principes dans toutes les affaires de la vie quotidienne. Un membre nommé Harry, sobre depuis maintenant cinq ans, a appris à ne boire que du thé et qu’être plus impliqué dans sa relation avec dieu est bien plus amusant que de faire la fête ! Une fois qu’il a accepté qu’il était impuissant à contrôler son addiction et sa vie, il l’a remise entre les mains de dieu et maintenant il s’éclate en venant à ces réunions. Tant mieux pour lui si ça l’a guéri, mais bon quand même; Quand Stan vient voir par lui-même ce qu’il en est de cette association, il demande à voir le responsable, ce en quoi Michael lui répond qu’il n’y a pas de responsable, ils sont tous impuissants, et que par conséquent son père ne peut pas s’arrêter tout seul, personne ne le peut ! Il lui faut une intervention divine, de la spiritualité ! Il essaye alors de refourguer son programme en douze étapes, mais Stan n’est pas dupe, il connaît un truc ou deux sur les sectes puisqu’il en a même dirigé une ! Malheureusement son père n’est pas aussi futé (quoique géologue quand même, mais la faiblesse d’esprit n’a rien à voir avec les diplômes). Il se balade désormais avec la bible à la main, scandant que cette journée superbe est encore une bénédiction de dieu ! Il insiste alors pour que tout le monde loue dieu (nous ne savions pas qu’il était dispo en location), refusant même d’aller chez Kyle regarder le match des Broncos, alors que les papas de Kenny et Kyle pensaient qu’il viendrait. Dans son délire sectaire, il ne peut se rendre chez des gens qui boivent, lui qui a de nouveaux amis maintenant, les AA, qui eux aussi ont foi en une puissance supérieure !

 

 

Conclusion :

 

 

Voyez, on se couchera moins bête car on a appris un truc  aujourd’hui : l’alcool est un phénomène de société, très ancré dans notre culture occidentale. Toutefois, sa surconsommation peut rapidement mener à l’alcoolisme, qu’il soit de situation (dès que l’on est trop ceci ou pas assez cela) ou chronique (tous les midis avec le repas, tous les week-ends en boîte de nuit ou à chaque partie de pétanque).

 

Que l’on considère l’alcoolisme comme une maladie ou comme une dépendance addictive, l’important est bien évidemment de ne pas en arriver là ! On ne le répétera jamais assez : il ne faut pas abuser des « bonnes » choses, quelle que soit l’innocuité qu’on lui prête. Trop d’alcool, c’est franchement pas cool !

 

Au-delà des problèmes de santé et les troubles que tout excès peut avoir sur ses relations sociales, il est important de garder à l’esprit qu’aucune dépendance n’est bonne en soi, puisque par définition cela signifie que le sens critique a été anéanti par une substance, une activité, une personne ou un type d’individu, que l’on appréciait au départ jusqu’à ce qu’on éprouve une certaine rancœur envers cette chose dont on ne peut plus se passer. Comme le disait Balavoine : « Qui pourra remplacer le besoin par l’envie, Et comment retrouver le goût de la vie ? Et chaque nuit le peuple danse, En douceur, Croit qu’il peut exorciser La douleur, Puis lentement quitte les transes, En douceur, Alors revient dans sa conscience : Sa douleur ! ». Si nous avons besoin d’alcool, c’est que notre amour ou nos amis, la musique ou autre, ne suffisent plus à combler notre vide et notre mal-être intérieur ! N’oublions jamais que l’alcool, comme toute drogue, n’est pas un médicament, et que le prendre en tant que tel conduit tôt ou tard à une forme d’autodestruction et de suicide mental ou social !!!


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